Visite d’un élevage industriel : ce que L214 ne dévoilera jamais…

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Source de la photo de couverture : https://www.reussir.fr/volailles/les-sciences-humaines-pour-accompagner-la-demedication
J’ai souvent exprimé ma préférence pour les élevages de plein air. Je vis entouré de ce type d’élevage (caprins, ovins, volailles, bovins et même un élevage porcin). Je vois ces animaux tous les jours, et j’ai même eu l’occasion de visiter plusieurs de ces élevages.
Alors quand j’entends les végans assurer que les animaux d’élevage sont malheureux cela me fait d’abord sourire, puis très vite cela m’agace de voir autant de certitudes dans l’esprit de personnes qui n’ont jamais vu d’élevage autrement que dans des vidéos douteuses…

C’est donc avec grand plaisir et beaucoup de curiosité que je suis allé visiter un élevage industriel de volailles pour la grande distribution. Un élevage de 32 000 poulets de chair.
Rien de mieux que de voir en vrai ce qu’il s’y passe, et d’échanger avec l’éleveur. Éleveur que je connais par ailleurs et qui a toute ma confiance et qui n’a pas occulté les sujets qui fâchent comme la mortalité.

Je n’ai pas pris d’image pour 2 raisons : d’abord pour qu’on ne puisse pas identifier l’élevage, et ensuite tout simplement parce que pénétrer dans cet élevage n’est pas possible pour des raisons sanitaires. L’éleveur a aménagé une salle qui permet de voir l’ensemble du bâtiment sans stresser les animaux et sans besoin de mettre une tenue spéciale. C’est idéal pour voir le comportement des poulets sans interférer.

Vivre à l’intérieur : un environnement naturel

La première chose à comprendre, c’est qu’à peine nés dans des couvoirs (sociétés spécialisées), les poussins sont transportés de nuit (moins de stress) dans leur élevage de destination. Ils font leurs premiers pas dans cet environnement et ne connaissent rien d’autre.
C’est fondamental pour comprendre ce que ressentent ces poulets enfermés et ne pas faire de l’anthropomorphisme (donner aux animaux des comportements et réactions d’humains). Ces poussins ne connaissent pas l’extérieur et n’ont donc aucune conscience qu’ils sont enfermés.

On a tendance en tant qu’humain à se dire que ces pauvres bêtes ne voient pas le jour, mais elles n’ont tout simplement pas conscience qu’il y autre chose à l’extérieur.
C’est exactement la même chose pour un chat d’appartement qui n’a jamais mis les pattes dehors et un chat de campagne. Le premier ne souffre pas de rester enfermé alors que le deuxième si…
D’ailleurs, le cousin de cet éleveur qui fait du plein air confirme que les poussins une fois en âge de sortir, mettent plusieurs jours à sortir car l’extérieur les effraie.

Aux petits soins

A peine arrivés, l’éleveur ayant pris soin de préparer le bâtiment pour que tout soit à température, les poussins sont incités à explorer le bâtiment grâce à des tapis qui se déroulent avec de la nourriture spéciale qui stimulent leur comportement naturel consistant à picorer le sol.
En suivant les tapis, les poussins se déplacent tout au long du bâtiment et chacun trouve une zone qui lui convient.
Les premières heures sont vitales car il faut s’assurer que chaque poussin mange bien. Les poussins chétifs qui ne survivraient pas dans la nature, sont une cible pour leurs congénères. Loin de l’image mignonne des animaux véhiculées par les végans, les poussins sont sans pitié avec les plus faibles.

Les éleveurs font tout pour minimiser le contact avec les humains car les poulets sont sensibles au stress. Seules une poignée de personnes rentre à l’intérieur, avec des gestes lents et une voix rassurante. Toute personne étrangère peut créer un stress.

Dans cette exploitation, l’atmosphère est sans cesse contrôlée par ordinateur, température (qui évolue en fonction de l’âge des poulets), hygrométrie, taux de CO2….
Tout est fait pour assurer les meilleures conditions de vie et éviter du stress lié à des variations de conditions atmosphériques.
Un poulet maltraité donnera une viande de moins bonne qualité et peut même être rejeté impactant directement les revenus de l’éleveur.

Chaque jour, l’éleveur passe en revue les allées de ses bâtiments pour vérifier qu’il n’y a pas de comportements anormaux qui pourraient être des signes de maladies, ou du cannibalisme le signe d’un déséquilibre alimentaire.
La tenue que revêtent les éleveurs pour rentrer ressemble à une tenue de bloc opératoire.

source http://www.lutopik.com/article/poulets-bio-sauce-duc

Cela me fait aussitôt réagir sur deux points concernant les vidéos de L214 et autres…

L’intrusion sans précautions dans un poulailler peut non seulement engendrer un stress mortel (rappelons que les intrusions sont nocturnes et le réveil à la lampe torche brutal), mais risque d’amener des agents pathogènes potentiellement mortels pour les animaux.
Pour faire le buzz, ces associations sont prêtes à faire mourir des dizaines voire des centaines d’animaux…
D’ailleurs, comme tous les éleveurs, il craint une visite, non pas qu’il ait des choses à cacher mais pour les risques qu’engendrerait une intrusion pour les animaux…

Le but de cette tenue de protection est d’avoir le moins possible recours à la pharmacopée. La prévention plutôt que les soins.

L’éleveur rencontré doute fortement des vidéos où l’on voit des poulets morts. C’est un risque trop grand pour un éleveur de laisser des cadavres traîner. Par contre oui, sur 32000 poulets, il est possible de trouver quelques poulets morts le matin et il est important pour l’éleveur de voir dans quelles positions sont les poulets afin d’avoir une idée de la cause de la mort (crise cardiaque, maladie…). Rappelons qu’étant issus de couvoirs parfaitement contrôlés, certains poulets plus fragiles naissent alors que dans la nature, soit ils n’auraient pas éclos, soit ils seraient morts dès les premières heures. Cela n’a donc rien d’anormal et ce n’est en aucun cas un signe de maltraitance. Il ne faut pas oublier qu’un poulet mort, c’est une perte nette pour l’éleveur et que ce n’est pas dans son intérêt.
Tout comme les poulets malformés incapables de marcher, cela laisse incrédule l’éleveur. Un poulet avec une malformation, cela peut arriver statistiquement, comme chez les humains, mais il suspecte ces associations de cibler le poulet mort et celui malformé pour manipuler l’opinion et laisser penser que les éleveurs maltraitent leurs animaux. Dans quel but? Silence….

Le bien être animal est d’ailleurs parfaitement défini au niveau international.

Les 5 critères du bien-être animal

La vie d’un poulet n’a rien à voir avec celle d’un animal de compagnie ni encore moins avec celle d’un humain… Il se limite à des choses basiques manger, boire, dormir… Il faut veiller à avoir suffisamment d’espace pour chaque poulet (c’est régi par des normes de bien-être animal)…
La poule est un animal grégaire, c’est-à-dire qui vit en groupe. Elles s’agglutinent souvent entre elles (même en plein air, j’ai déjà eu l’occasion d’en parler) ce qui peut donner l’illusion que les poulets n’ont aucun espace pour vivre.
D’ailleurs les prises de vue des associations animalistes sont faites pour donner l’illusion que ces animaux sont les uns sur les autres. Les auteurs prennent soin de cacher les zones vides qui ne vont pas dans le sens de ce qu’ils veulent montrer.

Les 5 critères du bien-être animal sont internationalement reconnus et définis :

  • Absence de faim, de soif et de malnutrition,
  • Absence de peur et de détresse,
  • Absence de stress physique ou thermique,
  • Absence de douleur, de lésions et de maladie, etc.
  • Possibilité pour l’animal d’exprimer les comportements normaux de son espèce.

Du moment qu’un élevage apporte sécurité avec un abris, de la nourriture, des soins, et de quoi exprimer des comportements naturel, il est en conformité avec le bien être animal, pas le notre….

Pour assurer un comportement naturel, le bâtiment dispose d’un sol que les poules peuvent gratter (même si en ayant de la nourriture à profusion ce besoin est moins fort, si ce n’est pour se faire un nid pour la sieste)… Ce sol permet aussi de nettoyer les pattes pour éviter les pododermatites .
Ensuite, le besoin de se percher est mis à profit pour peser automatiquement les poulets. Ainsi ils viennent se peser d’eux même sur des perchoirs à disposition. Cela permet de peser jusqu’à 1000 poules par jours sans intervention humaine, et ainsi contrôler qu’il n’y a pas de poulets ayant des problèmes de croissance.

On est loin de nos besoins d’humains… Anthropomorphisme encore et toujours.

J’ai pu vérifier (et ayant des poules élevées en plein air), que le comportement des poules dans cet établissement ne différait en rien de celui des miennes. Certaines dorment, d’autres picorent, ont la tête dans une mangeoire, ou boivent, ou encore se promènent… Une poule stressée ne se nourrit pas et reste prostrée.

La fin

Les poulets sont emmenés à l’abattoir vers 35/36 jours en fonction du poids. Jusqu’à cette date l’éleveur prend soin de chaque animal. Les 15 derniers jours sont critiques pour l’éleveur car contrairement aux intox véganes sur les antibiotiques dans la viande, il est interdit de donner un quelconque médicament dans les 15 jours précédant l’abattage. Il est donc crucial de veiller au bien-être et d’écarter tout poulet malade.


Les poulets sont ramassés de nuit avec une très faible lumière car dans le noir les poulets sont calmes, endormis. Ayant des bâtiments de tailles différentes, le ramassage se fait à la main. C’est toujours la même équipe qui intervient. Même si l’éleveur n’intervient pas, il est présent à la demande des ramasseurs.

J’évoque les moissonneuses à poulets qui choque tant les végans et objet d’une vidéo de L214. L’éleveur m’explique que c’est impressionnant mais qu’au final, des études ont montré que cela occasionnait moins de stress pour l’animal car il se retrouvait en une fraction de seconde dans une caisse avec ces congénères. Mais pour cela il faut avoir des bâtiments identiques….
Le fait d’être avec ses congénères rassure le poulet. J’ai eu l’occasion de transporter des poules serrées dans une cage, et même de jour elles étaient parfaitement calmes rassurées par la présence des autres.

Le transport vers l’abattoir se fait de nuit également pour profiter du noir qui calme les poulets.

Alors oui les poulets sont tués très jeunes, mais il ne faut pas oublier que même si ces poulets ont une vie courte, ils ont eu une vie. Alors que le désir des végans avec l’abolition de l’élevage n’aurait comme conséquence que de priver de vie ses animaux pour épargner leur propre souffrance morale qu’ils ne savent pas gérer. J’ai déjà eu l’occasion d’expliquer que cela relevait plus de l’égoïsme que de la protection animale et que je trouvais même cela spéciste : décider quelle espèce à le droit de naître ou pas, sur la base de croyances non étayées.

Les vegans rétorquent souvent, « si cela ne vous dérange pas prenez donc leur place »… C’est l’exemple parfait d’anthropomorphisme….
Ils oublient qu’en tant qu’humain nous connaissons la liberté, et que nous souffrons d’en être privée, pas ces poulets qui en ignorent même le concept.
Ils oublient également que seul l’humain sait que ces animaux vont finir à l’abattoir, eux n’ont aucun moyen de le savoir. Ils profitent donc de chaque instant de vie sans avoir un compte à rebours qui mesure ce qu’il leur reste à vivre… Si les végans nous reprochent de les tuer, on peut tout autant leur reprocher de les empêcher de naître…

J’ai déjà abordé ce sujet plus en détail dans un article appelé « Empathie vraiment? ».

Conclusion

Nous sommes loin des images choquantes que l’on peut voir dans les vidéos de L214 entre autres. Étant abolitionnistes, je n’accorde aucun crédit à ses associations dont le but n’est pas d’améliorer l’élevage mais de l’abolir….
La maltraitance étant tellement contre-productive pour un éleveur il est totalement impossible que cela soit une pratique courante. Que des brebis galeuses existent dans le métier, c’est possible mais marginal car on ne peut vivre en tant qu’éleveur en maltraitant ces animaux.
Les éleveurs d’une région se connaissent, connaissent les élevages des autres…
Des animaux malades au milieu d’un élevage sont l’assurance de décimer l’ensemble des animaux, cela n’a aucun sens….

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